rencontre du 3 mars 2005, invité : Charles BONISSOL président de l'union Fédérale des Cadres des fonctions Publiques(UFCFP)
RENCONTRE DU 3 MARS 2005
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Invité : M. CHARLES BONISSOL:
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Charles Bonissol préside l'Union Fédérale des Cadres des Fonctions Publiques (UFCFP), qui regroupe 16 syndicats de fonctionnaires et d'agents de différents services liés à la fonction publique. C'est à ce titre qu'il siège au Conseil Supérieur de la Fonction Publique et à la Commission Permanente de Modernisation
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INTERVENTION DE CHARLES BONISSOL
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Bien qu'il y ait des points communs, la fonction publique est ou plutôt a été très différente du privé jusqu'à ces derniers temps.
En France, il y a trois catégories de salariés : La première catégorie : La dernière catégorie Le fonctionnaire :
LES SPECIFICITES DU PUBLIC : Pour entrer dans la fonction publique, il faut passer un concours. Selon le niveau, de ce concours, on intègre une grille indiciaire avec des échelles de rémunération. Encore aujourd'hui, quelle que soit votre expérience ou ancienneté, on intègre en bas de l'échelle. Même après dix ans d'expérience professionnelle ceux qui passent et réussissent le concours de l'ENA, intègrent la grille A en bas de l'échelle. Idem pour ceux de catégorie B. Leur rémunération peut donc régresser, une indemnité compensant le manque à gagner. Il se peut qu'ils doivent attendre 5 ou 10 ans pour retrouver une progression de leur traitement. Ces règles sont très strictes. Le projet gouvernemental de la PACTE, qui est de permettre à des jeunes de 16 à 25 ans sortant sans diplôme du système scolaire d'entrer dans la fonction publique avec un pseudo concours ainsi que pour les plus de 50 ans remet en cause de ce sacro-saint principe. La seconde différence réside dans les conditions de travail, les règles particulières de carrière, l'aménagement du temps de travail, les astreintes etc... Pour les policiers et les pompiers par exemple : ils travaillent les dimanche, les jours fériés, ils ont des astreintes et des compensations en horaire ou en prime. Nous essayons de faire reconnaître la dangerosité et la pénibilité de certains métiers, mais c'est difficile.. (70 % des cades pompiers sont dans notre syndicat.) Le déroulement de carrière nous distingue également du privé. Une fois que vous rentrez dans un corps de la fonction publique, vous vous situez dans une grille et tous les deux, trois ou quatre ans, vous passez à l'échelon supérieur. Ce passage peut être accéléré seulement en fonction des notations, mais on ne peut pas sauter un échelon. Ce système n'est évidemment pas des plus motivants et incitatif pour ceux dont la motivation première n'est pas le service de l'Etat. Ce n'est peut être pas le cas général, mais beaucoup en sont arrivés à être blasés et peuvent se contenter de fournir le minimum réglementaire. Ce serait dramatique si des solutions ne sont pas trouvées pour les motiver, c'est le service public qui risque de ne pas s'améliorer, et ce serait aux citoyens d'en pâtir. Comme il est de mode dans la gestion des entreprises, l'Etat , qui doit réduire ses dépenses (Nota : rappelez vous que plus de 70% de l'impôt sur les revenus sert à payer uniquement les intérêts de sa dette…), a tendance à s'attaquer au poste le plus facile : les dépenses de personnel. Comme dans les entreprises, on réduit les effectifs avec la même charge de travail, qui retombe en général sur l'encadrement sous forme de surcharges de travail et des horaires à rallonge, même si cette surcharge a pu être limitée grâce à l'introduction de l'informatique. La fonction publique est basée sur la notion de corps. Il en existe 1400, dont 500 qui correspondent à des métiers qui n'ont plus cours. Il faudrait donc en supprimer, en regrouper, mais aussi en créer de nouveaux pour s'adapter aux besoins. En tant que président de la CFE-CGC fonction publique, je siège de droit au conseil d'administration de l'ENA. Il y a dix ans, lorsque j'y suis arrivé la première fois, j'ai demandé au directeur de l'époque, " Combien il y a t-il d'heures de cours sur la gestion des relations humaines, sur les organisations syndicales, sur la gestion des personnels ? ". La réponse a été : rien. Ils n'ont commencé à l'enseigner que depuis 5 ans. Depuis on essaye de rattraper ce retard avec ce qu'on appelle la VAE, la validation des acquis et de l'expérience, mais les DRH de nos administrations font souvent appel à des spécialistes du privé, des contractuels consultants très qualifiés de gestion des ressources humaines pour gérer le personnel. Quand on rentre dans la fonction publique, ce n'est pas pour devenir riche ou gagner beaucoup d'argent. Certes, les polytechniciens, X ponts, les X mines et énarques commencent tout de suite en A+, c'est à dire cadres supérieurs avec une rémunération assez intéressante. (Lorsque l'on a fait ces écoles, on doit un certain nombre d'années à l'Etat pour amortir et rentabiliser cette formation). Mais tous ceux qui ont suivi ces formations et rentrent dans le privé, arrivent à gagner deux ou trois fois plus que leur collègues restés dans la fonction publique. Mais il y a en contre partie la garantie de l'emploi (le licenciement d'un fonctionnaire est un cas rarissime, qui n'est possible que dans des cas très grave, et on ne rencontre qu'une dizaine de cas par an en commission de recours.) On accède toujours à la fonction publique par un concours à l'issue duquel vous est affecté un niveau indiciaire, et votre traitement de base est égal à cet indice, multiplié par la valeur du point. Des compléments dépendent de l'administration qui vous emploie et du poste que vous occupez. Changer de poste, c'est risquer de perdre ces primes, ce qui n'encourage guère à la mobilité. LES RETRAITES : La pension de retraite du fonctionnaire est calculée en fonction des 6 derniers mois de traitement indiciaire. Il correspond à 75% du montant de celui-ci. Les primes et indemnités ne sont pas prises en compte, et plus on monte dans la hiérarchie, plus l'importance de celles-ci augmente. En fait, la plupart de nos collègues cadres partent en retraite avec 40 à 50% de leur dernières rémunérations, ce qui explique pourquoi beaucoup de fonctionnaires retraités de la fonction publique cherchent à exercer un emploi salarié. L'EVOLUTION ACTUELLE : Actuellement, l'administration cherche à réduire le nombre d'agents et bloquer rémunérations. La tendance est de remplacer un fonctionnaire titulaire par un contractuel à chaque départ à la retraite. Avec cette loi organique, le budget de l'Etat sera subdivisé en 39 grandes missions et 132 budgets opérationnels de programmes attribués aux ministères et à certains corps que les préfets de Région auront à gérer. Chaque année, ils devront rendre des comptes sur la bonne utilisation de ces crédits, de la façon dont ils ont été utilisés et s'ils ont atteint les objectifs qui avaient été fixés. Mais le préfet peut aussi réduire le nombre de postes et utiliser les économies ainsi réalisées sur les rémunérations, pour accroître les investissements ou les autres postes de fonctionnement (c'est ce qu'en terme barbare on appelle la fongibilité asymétrique). D'où notre inquiétude en tant qu'organisation syndicale, car on voit de plus en plus de missions autrefois imparties à l'administration être sous traitées. Mais c'est surtout cette exigence de transparence et le fait de devoir rendre des comptes qui inquiète fortement une haute administration. Celle-ci, habituée depuis toujours à avoir la bride sur le cou risque de freiner l'application de cette loi. Il faut dire aussi que ces transferts de compétence ne s'accompagnent pas toujours des transferts de revenus correspondants de l'Etat vers les régions, les départements ou les communautés territoriales, ce qui risque d'être à l'origine d'augmentation de la pression fiscale locale si l'on n'y prend pas garde. Il y aussi un grand problème du transfert des agents et de leur statuts. On est aussi syndicalistes quelque part et il faut défendre les intérêts des agents. Nous sommes en pleines négociations au sujet des transferts des agents d'un statut à un autre. La CFE-CGC propose de transformer cette fonction publique de 1400 corps, en une fonction publique de métiers, en faisant des grandes filières avec des déroulements de carrière et des transversalités entre les administrations et une revalorisation plus attractive. LES PRIVATISATIONS : Celle du GIAT (anciens arsenaux de l'armée de terre) a été effectuée il y a quelques années. On va privatiser la DCN, (constructions navales), tout en espérant que le résultat ne sera pas aussi catastrophique, puisque il est prévu qu'elle intègre un grand groupe européen. Mais conservera-t on la même qualité de service public avec la privatisation de La Poste et de France Télécom ? |
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QUESTIONS DES PARTICIPANTS Q : Est il vrai que l'Etat ne connaît pas le nombre de ses fonctionnaires ? Q : La nombreuse fonction publique n'est elle pas à l'origine de la multiplication des règlements de plus en plus complexes et difficiles à appliquer ? Q : Qu'elle est l'influence de l'Europe et des directives de Bruxelles sur le statut de fonctionnaire ? …, Q : Comment se passeront les transferts d'une administration dans une autre , par exemple des corps d'états vers la territoriale ? Comment les informer sur les procédures et sur leurs droits ? Q : Qu'en est il de la mobilité et de l'avancement dans la fonction publique ? Q : Qu'est-ce que la PREFON ? Q : Dans un certain nombre d'établissements publics se pose le problème de la présence d'un fort pourcentage de salariés de droit privé en CDI, de " contractuels ", de personnel à statut fonctionnaire, et de personnes à statuts spécifiques détachées d'entreprises à statut public, qui forment une population disparate, ignorant souvent les modes de gestion et de fonctionnement les uns des autres. On note également une réelle inquiétude de la part de ces cadres détachés de leur corps d'origine, qui même avec des salaires plus élevés que dans leurs postes précédents, s'inquiètent pour leur avenir lorsqu'il va falloir réintégrer leur corps d'origine. Q : Lors de la privatisation de France Télécom, un certain nombre d'agents fonctionnaires se sont vu proposer le statut de droit privé en échange d'une prime que beaucoup ont refusé. Beaucoup se sont retrouvés détachés à des postes ou dans des filiales. Maintenant ils voient leurs fonctions externalisées et se retrouvent sous-employés. Quels recours ont ils ? HB |
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